Val delle Corti
avec Roberto Bianchi à Radda in Chianti
La première fois où je suis allée à Radda in Chianti, j’ai été charmée par le nom de ce village. Deux syllabes posées sur les hauteurs du Chianti au Nord de Sienne. Seuls les cyclistes de la fameuse course de l’Eroica et les amoureux des Sangiovese sur les grands terroirs marnos-calcaires de Radda s’aventurent dans ces contrées.
Mes amis m’avaient recommandé de rendre visite à Roberto Bianchi à Val delle Corti. Le rendez-pris, je débarque pour un vendredi après-midi d’été au domaine avec Andrea Canali, un ami qui travaille dans un domaine voisin. Nous arrivons sur la terrasse de la maison qui surplombe le vignoble avec une vue imprenable sur la vallée et les étendues boisées.
Roberto est curieux, souriant et accueille avec bon cœur toutes les personnes qui prennent le temps de venir à lui. J’ai toujours un immense respect pour les vignerons qui après leur journée dans les vignes, en cave, au bureau et à faire tourner une exploitation, prennent aussi le temps de recevoir les gens de passage (ou les curieux comme Andrea et moi). Cela en dit long sur l’esprit de partage qu’ils insufflent dans la vision de leur métier.
Roberto est revenu à la terre familiale, sans jamais vraiment l’avoir quittée, après avoir été professeur de littérature italienne. En 1974, son père Giorgio Bianchi quitte Milan pour réaliser son rêve et achète cette ferme dans le Chianti. À son décès en 1999, Roberto décide de poursuivre l’aventure avec son épouse Lis et de continuer à améliorer la qualité des vins issus de ces 5 hectares autour de la maison.
Nous échangeons au fil des bouteilles que nous dégustons - au point où les degrés celsius de l’été toscan enivraient davantage que ceux du Sangiovese ! J’avoue être passée à côté de la dégustation ce jour-là. J’ai senti que mon palais ne serait pas mon guide alors je me suis laissée porter par le moment avec Roberto et Simone, le chef de culture, et mener par leurs récits.
Quelques semaines plus tard, je demande à Roberto si je peux passer pour voir comment cela au moment des vendanges. “Nous serons demain à 8h30 dans la parcelle sous la maison. Si tu souhaites, mets de bonnes chaussures et nous te donnons un sécateur et un seau comme cela tu vois les vendanges dans l’action !” J’aime cette spontanéité et cette simplicité chez les gens. Trop heureuse de mettre les mains dedans, j’ai passé la matinée avec l’équipe d’amis et de fidèles à couper les magnifiques Sangiovese qui entrent dans le grand vin.
Pendant les vendanges, c’est un visage sans filtre que le vigneron offre à voir. L’équipe est composée de fidèles amis qui viennent tous les ans et cela est un détail qui en dit long sur les rapports qu’un domaine tisse avec ces petites mains si importantes à la tâche. Les seaux se remplissent au fil des rangs dans une jolie pente semée de roche calcaire affleurante. Le soleil chauffe le dos, les conversations s’emmêlent, la pause café arrive à la fin de la première benne et c’est le plus bureau pour un samedi matin.
En cuverie, le travail est simple : les grappes sont versées par gravité dans l’érafloir, un tuyau et hop, le travail de plusieurs est envoyé en quelques minutes en cuve. Chaque parcelle est vinifiée à part sans grand chichi dans la cuverie simple, rustique et où tout est fonctionnel. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre la qualité des vins - le Chianti Classico 2019 de Roberto est un jus d’une grande délicatesse et d’une pureté aromatique - et la simplicité de l'outil de travail. Après avoir visité tant de chais qui sont de véritables chefs d'œuvre d’architectes à Bordeaux, je retrouve un esprit artisan où la simplicité règne sans mise en scène ni projecteurs. Quel lien faire entre la dégustation d’un grand vin de terroir émouvant et les euros investis dans une cuverie ? Je ne saurai répondre à cette délicate question !
Les raisins en cuve, l’équipe profite de la pause déjeuner pour se retrouver sur la terrasse autour d’une salade de pâtes préparée par Lis, l’épouse de Roberto. On y mange, on y boit, on y rit, on y partage et on y lit sur l’étiquette : “on y danse” ! Les vins de Roberto sont à son image : justes, généreux, francs, de terroir et joyeux.
Je remercie Roberto pour m’avoir laissé découvrir son travail depuis l’intérieur au moment des vendanges et avec la plus grande simplicité. Cette expérience me permet de saisir la qualité de son travail à la vigne, la beauté de son terroir marno-calcaire où mes chevilles se sont tortillées plus d’une fois dans les cailloux et le potentiel de ces jolies grappes de Sangiovese. J’ai hâte de déguster le millésime 2024 en bouteille !
Pour en savoir plus sur les vins de Val delle Corti, c’est par ici.